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Promouvoir, diffuser, expliquer : la concrétisation des droits de l’enfant constitue un défi complexe et passionnant qui demande souvent de faire preuve de créativité. Sortir de la norme juridique internationale un peu sèche pour faire vivre ces droits et les rendre tangibles peut passer par toutes sortes de chemins de traverse, du moment qu’ils convergent vers un changement de regard sur l’enfant et ses droits. Passer par les yeux est d’ailleurs un medium très efficace : cinéma, bande-dessinée, livres pour enfants offrent une palette inépuisable de supports pour susciter la réflexion.

Toujours à la recherche d’idées inédites pour nourrir mes interventions, j’ai été heureux de tomber récemment sur un très beau livre, en français et en anglais, intitulé « L’art et l’enfant », exposé dans la devanture d’une librairie lausannoise. Ce bel ouvrage, publié à l’occasion de l’exposition du même nom qui s’était tenue au musée Marmottan à Paris en 2016 « retrace l’évolution du statut de l’enfant du XVe au XXe siècle et s’interroge sur le rôle du dessin enfantin sur les avant-gardes du début du siècle passé ».

A travers les représentations de l’enfant dans la peinture française du Moyen Age au début du XXème siècle, l’ouvrage propose une vision originale de la place de l’enfant dans la société : d’abord cantonnées aux enfants « exceptionnels » (divin, princier), les œuvres picturales suivent l’évolution sociale, et placent peu à peu l’enfant au sein de la famille, nouveau noyau désormais préservé. La révolution industrielle apporte avec elle une conscientisation des questions liées au travail des enfants et à la misère populaire, préoccupations partagées par certains artistes. S’en suivent au XXème siècle les mouvements émancipatoires qui revendiquent la place et la protection auxquelles l’enfant à droit. L’ouvrage se conclu sur le surréalisme qui prônait un retour à « l’enfance de l’art », pour nourrir une créativité plus spontanée.

Cette lecture historique et artistique des droits de l’enfant n’est certes pas unique en son genre : en 2016, Jacques Fierens avait gratifié le colloque de Morat d’une présentation intitulée « Les arts plastiques et la parole de l’enfant » qui avait conquis son public. Le musée d’art et d’histoire à Genève a également monté l’exposition « L’enfant dans l’art suisse : d’Agasse à Hodler » qui s’est terminée en janvier dernier.

A défaut de se rendre dans les musées, ARTE a réalisé un très beau documentaire basé sur l’exposition du musée Marmottan, librement disponible. Le site L’histoire par l’image reprend également certaines œuvres et en propose des analyses pointues.

Une fois encore, la mise en perspective historique, mais sublimée ici par l’apport artistique, offre une vision de la place de l’enfant qui éclaire notre époque et nos pratiques, par une sorte de miroir qui ferait abstraction du temps.

Photo : capture écran couverture du livre L’art et l’enfant