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A l’affiche depuis quelque temps dans le cinéma romand, « La Mif », du cinéaste Fred Baillif, raconte la vie d’un groupe d’adolescentes accueillies dans un foyer genevois. Comme pour ajouter aux tensions inévitables liées au placement et à ses contraintes, un évènement vient mettre à mal non seulement l’équilibre des jeunes filles, mais également celui de la structure éducative, jusqu’à sa direction.

Ce film, déjà primé plusieurs fois, présente une vision très réaliste, parfois même assez dure, de la vie dans un foyer, et du travail social avec des adolescents qui traversent des crises multiples. Sa force repose sur un choix narratif discontinu particulièrement bien pensé, mais surtout sur le choix des actrices. Les adolescentes sont extrêmement touchantes dans la manière simple et juste d’interpréter leur personnage. Les éducs, plus en retrait, font tenir la baraque sur le front du quotidien. La directrice doit quant à elle faire en sorte que son navire avance, malgré les pressions de son conseil de fondation et un drame personnel.

C’est Claudia Grob qui porte ce rôle, elle-même ancienne directrice de foyer d’accueil. Pour celles et ceux qui la connaissent, Claudia est dans ce film (presque) comme elle est dans la vie ; elle est cette directrice, à l’écran comme dans sa vie professionnelle. Ce mélange des genres met ainsi le spectateur dans une position totalement inédite, où la sincérité des scènes oblige souvent à se rappeler qu’il s’agit d’une fiction.

Fred Baillif a travaillé comme éducateur, et cela se sent. Au-delà de sa réussite artistique, « La Mif » offre une portée pédagogique, presque documentaire, passionnante pour qui s’intéresse aux enjeux et aux défis liés à la protection de l’enfance. Les questions soulevées entre les lignes touchent des aspects fondamentaux du travail social : les interdits, la distance émotionnelle, la place des parents, le cadre institutionnel, les valeurs personnelles, etc. Autant « Ma vie de courgette » a su montrer le désarroi des petits, autant « La Mif » projette, à leur échelle, celui des plus grands.

Après les cinéphiles, il est à espérer que le monde de l’enseignement et celui du travail social s’approprieront cette œuvre originale pour inspirer les réflexions toujours nécessaires autour de l’accompagnement des mineurs.

Présentation et reportage

Photo : affiche du film